En étroite collaboration, l’équipe de création travaille à dix mains pour présenter une Clémence de Titus rivalisant d’ingéniosité. Elle propose une production d’opéra unique en son genre, tout à la fois exigeante, tape-à-l’œil et écoresponsable.

 

Dans la mise en scène d’Héloïse Sérazin, chaque personnage est traité avec importance et finesse, afin de mettre en valeur la complexité des sentiments, les prises de décision, les impacts des uns sur les autres. L’important étant de sublimer les parcours et relations des personnages, davantage que la portée politique de l’œuvre, en direction d’un même but : délivrer un message de paix. Le travail réalisé sur le livret permet au spectateur de prendre conscience plus directement des enjeux entre les protagonistes. Il voit les six solistes dialoguer sur le plateau, prenant appui sur du mobilier sobre mais graphique, jouant dans un espace restreint pour accentuer l’effet de scènes intimes. La voix du chœur, faisant l’éloge de Titus tel son aura, s’élève depuis la fosse.

 

La scénographie de Léa Jézéquel, magnifiée par le travail vidéo de Yann Philippe et les lumières de Marc Delamézière, ainsi que les costumes de Laurianne Scimemi del Francia sont d’une grande variation de couleurs, comme autant d’émotions vécues par les personnages.

 

Créés à l’acrylique sur du format raisin par Léa Jézéquel et Héloïse Sérazin, puis rétroprojetés sur le cyclorama, les fonds rappellent l’artisanat des toiles peintes. Tantôt en harmonie, tantôt en contraste, ils soutiennent le propos comme l’orchestre la ligne mélodique, et passent de l’un à l’autre comme un long chemin ininterrompu. Régulièrement, un olivier, arbre d’une grande force de résilience, apparaît en superposition, évoquant la trajectoire d’un Titus contraint, hésitant, résolu ou clément.

 

Investis d’une dynamique de recyclage, les costumes, d’inspiration Madame Grès, sont extraits de la production des Fêtes d’Hébé de Laurianne Scimemi del Francia grâce au précieux soutien de l’Opéra National de Paris. Fabriqués dans de remarquables tissus choisis avec attention, ils ont été modifiés ou récréés, comme s’ils avaient été conçus pour La Clémence de Titus. Certains éléments circulent d’un rôle à un autre pour souligner les liens, les échecs, les contraintes.

 

À travers ce fin équilibre, l’équipe de La Clémence de Titus se met au service de l’œuvre de Mozart et accompagne les chanteurs d’Opera Fuoco dans la création de leurs personnages si humains et donc si attachants.